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vendredi 29 juin 2001

Néfertiti

Néfertiti
Autrice : Jacqueline Dauxois

Texte de présentation

Néfertiti partage avec la Joconde l'énigme d'un sourire dans lequel vibre l'appel de l'éternité. Qui a été cette souveraine, épouse du pharaon Akhenaton, dont la beauté sublime rayonne encore aujourd'hui ?
Instigatrice de la plus grande révolution religieuse de l'Antiquité, qui imposa à l'Égypte le culte d'un dieu unique, le Soleil, elle donna six filles au pharaon qui épousa trois d'entre elles. Mais faut-il s'en tenir là, alors que certains égyptologues affirment qu'elle a régné seule après la mort de son époux ? Cette hypothèse ouvre de stupéfiantes perspectives qu'explore ce roman. Et si Néfertiti était le mystérieux pharaon de la Bible ? Si c'était elle qui avait affronté Moïse ?
Jacqueline Dauxois nous entraîne dans une époque fascinante où se succèdent mariages divins, incestes royaux, usurpations, assassinats, mais aussi les "dix plaies" qui frappent l'Égypte. Au coeur de ce roman, surgit sous nos yeux l'image entièrement nouvelle d'une reine envoûtante dont le mystère nous trouble depuis plus de trois mille ans.

Mon avis : Bien

Je me méfie toujours des romans historiques traitant de l'Égypte antique, car, bien trop souvent, ils véhiculent une vision très caricaturale de cette civilisation, une vision qui m'horripile ! Lorsque ce roman est arrivé entre mes mains, j'ai hésité à le lire, d'autant que la période amarnienne est un moment crucial et mal connu de l'histoire antique, qui a donné lieu à tout un tas d'hypothèses.
Justement, en fin d'ouvrage, Jacqueline Dauxois explique qu'elle s'est appuyée sur deux hypothèses pour écrire son roman :
  • Smenkhkarê, corégent et successeur d'Akhénaton, serait en fait Néfertiti.
  • Néfertiti-Smenkhkarê serait le pharaon de la Bible, qui, après avoir empêché les Hébreux de quitter l'Égypte et supporté "les dix plaies", aurait péri dans la mer Rouge.
Ainsi, partant de ces deux hypothèses, l'histoire de Néfertiti et de toute cette période complexe nous est contée par un homme qui l'a aimée et détestée, le chef de la police de Pharaon. À travers son témoignage, on assiste à la rencontre entre le jeune Amenhotep IV et Néfertiti, leur union et la naissance de leurs enfants, la révolution amarnienne (religion, art, architecture;;;), la fuite des Hébreux d'Égypte, jusqu'à la mort d'Akhénaton puis de Néfertiti.

Quatre éléments m'ont gênée dans ce roman :
  • Personnellement, je n'adhère pas à ces deux hypothèses, donc j'ai débuté la lecture de ce roman avec pas mal d'appréhension et j'ai parfois eu du mal à accepter la vision de l'auteur.
  • Avant de devenir pharaon et d'engager sa révolution religieuse, Akhénaton s'appelait Amenthotep IV. Or, l'auteur le nomme Akhénaton dès le début du roman alors que son père Amenhotep III est encore sur le trône d'Égypte. La révolution religieuse qui aboutira au culte d'Aton n'est alors pas du tout à l'ordre du jour. Bref, petit problème de synchronisation chronologique qui est gênant vu l'importance symbolique de ce changement de nom…
  • La vision de l'auteur concernant les personnalités d'Akhénaton et de Néfertiti, et leurs relations. Certes, le roman historique offre une grande liberté à l'auteur, mais, personnellement, je ne perçois pas ces personnages historiques ainsi, donc j'ai ressenti tout au long du roman une distorsion entre ma vision et celle de l'auteur, qui me semble un peu trop radicale.
  • Je reviens au principal défaut évoqué au début de ma chronique : la vision caricaturale de l'Égypte antique. Cela est peut-être un héritage de l'égyptomanie qui caractérisa le XIXe siècle, une vision romantique et exotique de l'Égypte, pleine de mystère, de magie, d'érotisme… À la longue, cela devient poisseux, monotone, lassant, voire déplaisant… Heureusement, ce défaut n'est pas présent en permanence, il émerge de temps à autre au fil du récit.
Mais, pour contrebalancer ces quatre points plus ou moins négatifs, ce roman possède quelques belles qualités :
  • Certes, l'histoire que nous raconte l'auteur ne repose que sur des hypothèses, mais même si elles me semblent peu fondées, il s'agit ici d'un roman historique et non d'un livre d'histoire. Et le roman historique permet justement d'explorer l'histoire en toute liberté...
  • ... et la vision de l'auteur est d'autant plus intéressante qu'elle a réussi à bien inscrire ces hypothèses dans le contexte historique. En outre, elles ont le mérite d'expliquer ou de mettre en valeur certains faits (évolution artistique, destruction de Tell el-Armana, tombe de Néfertiti introuvable, oeil manquant sur son buste…), sans compter l'astucieux et intéressant mélange entre histoire et récits bibliques (histoire de Moïse).
  • Ce roman est bien écrit, sans effet de style tarabiscoté (ce qu'on peut craindre dès lors qu'on écrit sur l'Égypte antique…), ni trop long ni trop court. Il est construit sur la base d'une multitude de petits chapitres (c'est bien pratique quand on ne peut pas lire une heure entière !) : ce principe est assez déconcertant au départ, mais on prend vite le pli. Et j'apprécie les romans qui mettent en scène un narrateur-personnage relatant une histoire passée.
  • Et, enfin, ce roman éveille la curiosité, donne envie d'en savoir plus, de se documenter sur les dernières découvertes archéologiques, de lire des biographies et des livres d'histoire, d'aller au musée admirer des œuvres de cette période. Et ça, c'est inestimable !

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : J'ai lu
Date de parution : juin 2001
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,8 cm
Pagination : 346 pages
ISBN : 978-2-2903-1147-9

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