Slideshow

Mes dernières critiques

mercredi 21 septembre 2005

La saga des Médicis. Tome 1 : Contessina

Contessina
Autrice : Sarah Frydman

Texte de présentation

Corruption, assassinat, pouvoir, passion : tels sont les maîtres mots de l'histoire légendaire de Cosimo de Médicis et de sa descendance.
Son histoire est aussi celle de la République de Florence, de son évolution artistique, politique, industrielle et commerciale alors qu'elle dominait l'Europe des XIVe et XVe siècles. Mais, au-delà des intrigues, des alliances et des manipulations politiques, Contessina est l'histoire d'un amour, celui de Cosimo pour Contessina de Bardi, la première de ces femmes hors du commun à avoir joué un rôle essentiel dans le destin des Médicis.

Mon avis : Assez Bien

Une saga en trois volumes
Premier volet de la "Saga des Médicis" qui raconte l'ascension et la chute de la famille Médicis, Contessina nous emporte en 1414, à Florence, alors que le mariage entre Cosimo de Médicis et Contessina de Bardi, fille d'une riche et influente famille rivale, est sur le point d'être célébré. Grâce à cette union improbable, qui sera à l'origine d'une des plus célèbres dynasties qui soit, celle des Médicis, Cosimo gagne la confiance des autorités florentines tout en accroissant sa fortune, mais ses adversaires guettent le moindre faux pas pour le faire tomber...

Le fil conducteur
Au coeur de ce roman se trouve l'histoire d'amour entre Cosimo de Médicis et Contessina de Bardi. Une histoire un peu contrariée puisque l'un et l'autre sont persuadés que l'autre ne l'aime pas ! Certes, Cosimo est fort laid et la stupeur de Contessina lorsqu'elle le découvre le jour de son mariage ne laisse rien augurer de bon, mais, pourtant, il existe un véritable amour entre eux, qui aboutira à la naissance de deux garçons, Pierre de Médicis et Jean de Médicis. L'histoire de ce couple permet à l'auteur de décrire les rivalités et les jalousies qui existent entre les grandes familles de Florence, mais aussi la beauté et le renouveau artistique de la ville. Argent, pouvoir, complots, corruption, politique, amours secrètes, mariages arrangés... presque tous les ingrédients du roman historique sont là, mais où est l'Histoire ?

Une romance historique plus qu'un roman historique
Il n'existe pas, à ma connaissance, d'autres romans qui couvrent ainsi l'histoire de la dynastie des Médicis – les romans s'attachent à un personnage précis de la dynastie ou bien évoquent certains membres de la dynastie dans un cadre historique plus large. Le sujet étant quelque peu vaste et complexe (quelle généalogie !), j'ai opté pour un roman historique dans un premier temps afin d'en apprendre davantage sur cette famille Médicis de manière "ludique", avant de m'attaquer éventuellement par la suite à des biographies ou à des livres d'histoire. J'ai donc commencé ma lecture en ayant en tête que cette "Saga des Médicis" serait une trilogie historique érudite et précise. Hélas, non : certes l'auteur s'est appuyée sur des faits historiques pour écrire son roman et a pris soin de mettre en place un bon repérage spatial et temporel grâce aux mentions figurant en tête des différents chapitres, mais l'aspect historique est totalement noyés par la fiction romanesque. Pire, trop de place est faite aux sentiments amoureux, aux déboires sentimentaux et aux tourments amoureux au point que j'ai parfois eu la sensation de lire un roman de la collection Harlequin. Certes, la romance historique est un genre littéraire en soi, et tout à fait honorable, mais je ne suis pas du tout sensible à la littérature à l'eau de rose, mièvre et mélodramatique. Et aucune mention en couverture n'indique l'angle d'approche choisi par l'auteur.
Par ailleurs, les sentiments exprimés ou les faits présentés relèvent vraiment de la subjectivité de l'auteur tant les faits historiques sont absents. C'est l'un des principes de la romance historique, il faut accepter que l'auteur prenne de fortes libertés par rapport à l'Histoire. Mais je dois bien avouer que j'ai un peu de mal à accepter que la mère de Contessina, Adriana de Bardi, trompe son mari, Alexandre de Bardi, avec Filippo Brunelleschi ! Au final, ce roman ne permet pas d'apprendre grand-chose sur les Médicis, ce qui est frustrant : la petite histoire prend le pas sur la grande histoire. On est au XVe siècle, à Florence, l'une des villes où la Renaissance italienne a eu le plus d'éclat, et l'auteur n'évoque même pas le mécénat artistique de Cosimo de Médicis ! Certes, il s'est surtout développé après son retour d'exil, mais pourquoi la coupole de la cathédrale de Florence réalisée par Brunelleschi, chef-d'oeuvre architectural, est à peine survolée dans ce roman ?

Une lecture malgré tout agréable
Cependant, il faut reconnaître que l'histoire romancée a un côté assez plaisant, cela se lit vite, sans aucune difficulté. Mais l'écriture n'a rien d'exceptionnel et l'auteur fait parler ses personnages comme s'ils vivaient au XXIe siècle, ce qui gâche un peu notre immersion dans cette époque.

À la découverte de personnages attachants
Si le contexte historique est occulté, en revanche ce roman met bien en valeur les différentes personnalités des protagonistes en les détaillant finement sur le plan physique et psychologique. Là encore, même si l'auteur s'est basée sur de la documentation historique, l'imagination de l'auteur a ensuite pris le relais pour façonner ses personnages romanesques, même s'ils restent vraisemblables. Plusieurs familles rivalisent entre elles à cette époque à Florence : les Médicis, les Bardi, les Albizzi, les Ciompi, les Alberti, les Strozzi..., d'ailleurs Rinaldo degli Albizzi sera à l'origine de la condamnation à l'exil de Cosimo de Médicis. Mais l'auteur met surtout en avant deux familles :
  • La famille Médicis avec, à sa tête, le patriarche Giovanni, jouit d'une immense fortune gagnée grâce à son activité de banquier, mais elle ne fait pas partie de l'aristocratie florentine qui la considère comme de vulgaires marchands. Ses deux fils ont été élevés pour prendre la relève le moment venu, et force est de constater que Cosimo, l'aîné, a hérité du goût de son père pour l'argent, le pouvoir et l'art. Mais il témoigne aussi d'une volonté, tout comme son frère, de s'attaquer à la pauvreté qui sévit dans leur ville en construisant un hôpital public.
  • La famille Bardi, aristocrate, ne supporte pas l'arrivisme et l'arrogance des Médicis, de vulgaires commerçants. En outre, en raison d'un mariage avorté avec Giovanni de Médicis, Adriana Bardi, la mère de Contessina, ressent depuis lors une profonde haine pour cette Médicis dont elle espère bien se venger en mariant sa fille Contessina, 14 ans et à peine sortie du couvent, à Cosimo de Médicis, fort laid et bien plus âgé que Contessina. Sa fille sera l'objet de sa vengeance... même si elle semble à une ou deux reprises éprouver des remords à l'idée de sacrifier ainsi sa fille, son esprit retors et calculateur reprend vite le dessus.
Peine perdue, ce mariage ira au-delà des espérances des mariés, puisqu'il sera couronné par la naissance de deux garçons qui assureront la descendance de la famille. Un mariage compliqué, les époux n'osant pas s'avouer leurs véritables sentiments, mais Cosimo pourra compter toute sa vie sur son épouse fidèle et dévouée Contessina. Période prospère aussi, car Cosimo développe l'activité de son père, inspecte les ateliers de tissage de la laine et de la soie et les filiales de la banque familiale, et consent d'énormes prêts aux souverains et au pape (dont Jean XXIII). La fortune ainsi générée par ces activités lui permet d'asseoir son influence politique, mais le fameux Rinaldo degli Albizzi n'a pas dit son dernier mot...

En conclusion
Points forts :
  • Il n'existe pas d'autres romans historiques abordant dans son ensemble la dynastie des Médicis.
  • Des personnages faits de chair et de sang : ce roman humanise et individualise bien les personnages, ce qui permet au lecteur de se sentir proche d'eux.

Points faibles :
  • L'aspect historique est quasi absent de ce roman et il n'y a pas d'arbre généalogique : on n'apprend pas grand-chose avec ce roman sur la famille Médicis.
  • L'auteur prend trop de libertés par rapport à l'Histoire, surtout qu'elle ne s'en justifie pas en fin d'ouvrage.
  • Des événements marquants et importants sont passés sous silence.
  • L'aspect romance à l'eau de rose est beaucoup trop fort : il s'agit plus d'une romance historique que d'un roman historique.
  • On reste sur notre faim : à quand un vrai roman historique sur les Médicis ?

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Le Livre de poche
Date de parution : septembre 2005
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 18 cm
Pagination : 380 pages
ISBN : 978-2-2531-1462-8

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire