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mercredi 6 janvier 2016

Les enquêtes du commissaire aux morts étranges. Tome 3 : Tuez qui vous voulez

Tuez qui vous voulez
Auteur : Olivier Barde-Cabuçon

Texte de présentation

Hiver 1759. Alors que s'élèvent les fusées multicolores d'un splendide feu d'artifice donné par le roi à son bon peuple de Paris, un inconnu est assassiné dans une ruelle. C'est le troisième jeune homme retrouvé égorgé et la langue arrachée. Mais cette fois, la victime est russe.
Le commissaire aux morts étranges se charge de l'affaire dans une atmosphère aussi singulière que les meurtres dont il a la charge : les miracles se multiplient au cimetière Saint-Médard, et des femmes se font crucifier dans des appartements discrets pour revivre les souffrances du Christ ; les rues de Paris s'enfièvrent à l'approche de la fête des Fous qu'un mystérieux inconnu invite à ressusciter ; la cour, quant à elle, est parcourue de rumeurs au sujet du mystérieux chevalier d'Éon, secrétaire d'ambassade à Saint-Pétersbourg et, dit-on, émissaire du Secret du roi, une diplomatie parallèle mise en place par Louis XV...
Les tensions s'exacerbent dans les quartiers populaires. Sartine, le lieutenant général de police, craint des débordements car le peuple est seul maître de la rue. Quant au moine, oubliant son âge, il semble se laisser gagner par l'esprit de cette antique fête, où les fous deviennent sages et les sages fous.
La royauté est menacée, les interdits transgressés. L'ordre social est-il en train de s'inverser ? Le commissaire aux morts étranges garde la tête froide et mène l'enquête.

En complément


Mon avis : Assez Bien

Après Casanova et la femme sans visage et Messe noire, voici le troisième volet de la série "Les enquêtes du commissaire aux morts étranges".

Pour résumer
Hiver 1759. En cette veille de Noël, le roi Louis XV a décidé d'offrir à la population un magnifique feu d'artifice autour de la Seine. Mais le lieutenant général de police Sartine reste sur ses gardes : entre l'affaire des convulsionnaires, les luttes internes entre les services de police, les Affaires étrangères et le Secret du Roi, et la résurgence de la fête des Fous (inversion de l'ordre social), il a fort à faire, d'autant que la menace gronde dans les quartiers populaires de la capitale.
C'est dans ce contexte que sont successivement retrouvés morts trois hommes, assassinés selon le même modus operandi : gorge tranchée et langue arrachée. Aucun point commun ne semble relier ces trois morts.
Aidé de son père et de la belle Hélène, le chevalier de Volnay, commissaire aux morts étranges, va mener l'enquête. Mais, entre la fête des Fous qui approche et le rôle obscur du chevalier d'Éon, il faudra toute la ténacité et la sagacité du chevalier de Volnay pour arriver à démêler les fils de cette affaire et faire surgir la vérité.

Un Paris du XVIIIe siècle extrêmement vivant
Olivier Barde-Cabuçon restitue avec talent et précision le Paris de ce milieu du XVIIIe siècle et l'on sent à travers son écriture et ses descriptions combien cette période lui est chère. Mais il ne se cantonne pas uniquement à des descriptions physiques – architecture, paysage, décor, métiers... –, il parvient également à nous retranscrire l'atmosphère, les comportements et l'état d'esprit qui régnaient alors dans la capitale.
Au gré de l'enquête de Volnay et de son père, on parcourt à leurs côtés différents quartiers de Paris, qu'ils soient populeux, artisanaux ou bien bourgeois : quartier du faubourg Saint-Antoine, bords de Seine, quartier de la rue Saint-Honoré, quartier du faubourg Saint-Jacques... C'est l'occasion d'y découvrir la vie au quotidien, mais aussi les grands sujets qui préoccupent ou passionnent les foules. Prostitution, pauvreté, mendicité, artisans, bourgeois, espionnage, mouches, police, Secret du roi, jansénisme, convulsionnaires, herboristerie, cabarets... voici quelques-uns des nombreux thèmes abordés dans ce roman.
"Ils s'engagèrent rue du Faubourg-Saint-Antoine, au milieu d'une nombreuse populace sillonnée par tous les corps de métiers ambulants. Ils regardaient à droite comme à gauche pour se garder d'être bousculés car le quartier était percé de cours, passages et impasses et les passants s'en écoulaient comme d'une gigantesque termitière. [...] Depuis, menuisiers, façonniers, ébénistes, vernisseurs, doreurs, tapisseurs et marquetiers s'étaient progressivement installés dans le quartier Saint-Antoine. De nombreux artisans de France et d'ailleurs les avaient rejoints avant que la verrerie ne s'installe à son tour. La manufacture de verre vénitien, devenue Compagnie de Saint-Gobain, s'était développée depuis son installation à la fin du siècle dernier grâce aux subventions royales. Le quartier avait attiré au fil du temps de nombreux ouvriers mais aussi des indigents. Une foule considérable grouillait maintenant dans ses rues, laborieuse mais turbulente. Artisans et ouvriers aux moeurs simples travaillaient directement pour une clientèle riche et aristocratique. Ils en mesuraient toute la morgue et l'inutilité, prenant conscience des différences de richesses, jalousant les clients pour lesquels ils travaillaient exclusivement. Aussi, le quartier avait gagné la réputation d'une humeur chatouilleuse, volatile et prompte à la révolte."

Des personnages intéressants
Les personnages, qu'ils soient au premier plan ou bien secondaires, sont tous très intéressants, car représentatifs de la société d'alors et décrits avec soin. Chacun d'eux possède sa propre histoire et son propre caractère. Et cette précision et cette incarnation nous permettent de nous attacher à eux.
Dans ce roman, on retrouve nos protagonistes habituels, mais ils gagnent tous ici en profondeur, on découvre de nouvelles facettes de leurs personnalités inconnues jusqu'alors : le chevalier de Volnay, ténébreux et rigide, commence à fendre l'armure face à l'Écureuil, jeune femme autrefois prostituée dont il est tombé amoureux et qu'il protège, même s'il reste très maladroit et peine à exprime ses sentiments. Quant à son père, le moine, il est toujours aussi caustique, truculent et en marge de la société, mais son humour se teinte d'une mélancolie inattendue et attendrissante. Heureusement, la belle et mystérieuse Hélène est là pour lui remonter le moral ! Toujours égal à lui-même, nous retrouvons le lieutenant général de police Sartine, mais on se rend compte qu'il n'est pas si puissant que cela et qu'il souffre de gros problèmes digestifs, ce qui le rend un peu plus humain !
Ainsi le duo d'hommes formé par le chevalier de Volnay et son père s'enrichit ici par ce duo de femmes, dont on pressent qu'il sera amené à monter en puissance lors du prochain tome.
À ces personnages s'ajoutent toute une galerie de personnages très riches, tous différents les uns des autres, nous permettant de découvrir d'autres milieux sociaux : les orphelins Séverin et Baptiste, le mystérieux et fantasque chevalier d'Éon (note pour l'éditeur : la rivière qui se trouve dans l'Yonne ne s'écrit pas Armençon mais Armançon, page 158, à moins qu'il ne s'agisse de l'ancienne écriture ?), des bourgeois, des prostituées, des artisans, des mouches, des apothicaires, des religieux pas très honnêtes, le duc de Choiseul, etc.
Tout cela donne un magistral tableau de la société parisienne au XVIIIe siècle.

Trop d'intrigue tue l'intrigue
Point commun avec les deux précédents volumes de la série : l'humour, l'insolence, l'érudition et l'élégance du style. Malgré quelques longueurs, l'auteur alterne avec aisance les descriptions et les dialogues, toujours aussi savoureux et cocasses. Il faut dire qu'il est aidé en cela par des personnages étonnants et très différents les uns des autres. Ainsi, dès le début du roman, nous assistons à une scène mémorable au cours de laquelle le moine montre ses fesses à Sartine et qui, plus loin, lui fournit un remède contre les flatulences !
"Qui trop embrasse mal étreint", cette expression pourrait résumer mon avis sur ce policier historique. En effet, si l'auteur possède incontestablement l'art de conduire le récit, il n'en demeure pas moins qu'il ne parvient pas à maîtriser son intrigue, et cela pour la simple raison qu'il y en a trois ! Le fait de mêler trois enquêtes – les trois morts étranges, les convulsionnaires et la fête des Fous – permet de faire voyager le lecteur dans différents milieux et secteurs de la ville, mais cela complique beaucoup le récit au point que tout s'emmêle et qu'on ne sait plus bien quel est le fil directeur du roman. Pourtant, avec son style simple et direct, il déroule de manière fluide son récit, mais le roman ne se structure jamais en une véritable intrigue policière. À force de suivre plein de pistes à la fois, l'auteur s'éparpille, le lecteur est perdu, le récit devient un peu confus, le rythme en devient inégal et puis surtout, il n'y a aucun suspens, aucun rebondissement, car on ne sait même plus quelle est l'intrigue !
L'autre gros défaut de ce roman, à l'origine de ma déception, est que l'affaire est résolue sans que l'on ait eu accès à toutes les pensées et découvertes du chevalier de Volnay alors que le narrateur omniscient nous permettait en principe de le suivre et de connaître ses pensées en permanence. On se demande alors si on n'a pas sauté une page du roman, mais non, et on se sent un peu dupé, car il nous était bien impossible de deviner qui était le meurtrier et de connaître les mobiles de ces crimes. Au final, on ne peut pas s'empêcher de se dire : "Tout ça pour ça ?"

L'avis des blogueurs

Andrée la papivore –– Appuyez sur la touche "Lecture" –– Cellardoor –– Espace temps libre –– Léo a lu pour vous...

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Actes Sud
Collection : Babel noir
Date de parution : janvier 2016
Couverture : brochée
Format : 11 cm x 17,6 cm
Pagination : 400 pages
ISBN : 978-2-3300-5870-8

Livre numérique

Éditeur : Actes Sud
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : ePub ou PDF –– ePagine : ePub –– Feedbooks : ePub –– Fnac : ePub –– Numilog : ePub ou PDF

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