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vendredi 21 mars 2014

Vous entendrez gronder l'orage

Vous entendrez l'orage
Auteur : Gérard Raynal

Texte de présentation

Des prêtres émigrés, poursuivis, décapités, des églises fermées. La Révolution Française bat son plein !
Après la mort de Louis XVI, l'Espagne décide de dénoncer le Traité des Pyrénées et tente de reprendre le Roussillon. Comme beaucoup de ses concitoyens, Rose Llaurens espère la victoire des troupes espagnoles sur l'armée française, impitoyable avec les tenants de l'Ancien Régime et du catholicisme.
Suite à la défaite espagnole de Peyrestortes, l'abbé Pérone, prêtre de Pézilla, est jeté sur les chemins de l'exil. Avant de s'enfuir, il glisse à l'oreille de la jeune Rose des mots qui bouleverseront le cours de son existence. La famille Llaurens n'imagine pas encore qu'elle sera à l'origine d'un véritable miracle…

Mon avis : Assez Bien

Roman lu dans le cadre de l'opération Masse Critique Babelio. Je remercie Babelio et les éditions TDO de m'avoir sélectionnée et envoyé ce roman.

Un roman inspiré de faits réels
L'auteur précise dès le début du roman qu'il s'est inspiré de faits réels, ce qui apporte au roman une valeur supplémentaire de témoignage, de véracité, de vraisemblance et titille d'autant plus le lecteur. L'auteur a aussi rédigé un épilogue fort intéressant qui permet au lecteur d'en savoir un peu plus sur les faits et les personnages.

Une histoire régionale intéressante mais pas localisée sur une carte
Les habitants du Sud-Ouest seront sans nul doute intéressés par cette histoire qui concerne leur région. Les lecteurs d'ailleurs aussi, mais il aurait été intéressant de placer une carte de la région afin que le lecteur qui ne connaît pas cette région puisse se repérer. Personnellement, tous ces noms de localités, à part celle de Perpignan, ne m'évoquaient rien et je me suis sentie un peu perdue. Mais il est intéressant de voir comment les Français vivaient à cette période hors de Paris, car, bien souvent, les romans historiques se situent à Paris, autour de personnages haut placés.

Une situation historique retracée mais pas d'explications sur les mentalités de l'époque
Malgré la complexité de cette période troublée, entre 1793 et le tout début du XIXe siècle, l'auteur a retracé rapidement en début de roman le contexte historique sans assommer le lecteur de détails. En revanche, il aurait été utile de faire un point sur le poids du sentiment religieux au sein de la société française de l'époque, car un lecteur non averti pourrait trouver l'intrigue un peu ténue, tirée par les cheveux. Moi-même, au départ, je n'ai pas pu m’empêcher de me dire : "Ce n'est que cela ?" Puis j'ai réfléchi quelques secondes, m'extirpant du XXIe siècle pour me plonger mentalement à la fin du XVIIIe siècle et j'ai compris l'importance de l'intrigue, la charge symbolique et les risques encourus.

Une bonne restitution des tensions entre habitants
Cette période révolutionnaire a été paradoxalement une période de grande intolérance. Des voisins qui s'entendaient si bien auparavant en viennent à s'épier, à se dénoncer mutuellement, à devenir ennemis. Ou comment un village uni peut se retrouver coupé en deux… Et l'auteur a très bien traduit cette situation tout au long du roman. Cela rappelle, hélas, d'autres sinistres périodes...

Un narrateur extérieur omniscient adapté au sujet
Cette forme de narration assez fréquente de nos jours dans l'écriture de romans permet au narrateur de savoir absolument tout ce qui se passe dans l'histoire, ainsi que tout ce que les différents personnages pensent. Elle permet ainsi de faire partager au lecteur tous les secrets de l'histoire, de lui dévoiler la psychologie des personnages, de décrire minutieusement les événements qui se déroulent… Ainsi, l'auteur nous fait suivre plusieurs personnages à la fois : certes Rose Llaurens est un personnage important de ce roman, mais elle n'est pas seule : l'abbé Pérone, Anne-Marie Llaurens, Joseph Godail, Matthieu Escaffre, Fernand Grau, Jean Bonafos... On suit ainsi plusieurs destinées au fil du roman, certains personnages disparaissant ainsi momentanément. Contrepartie de ce style de narration : le lecteur n'a pas la possibilité d'interpréter avec sa propre sensibilité les événements qui se déroulent ; il est soumis à la vision de l'auteur à laquelle il ne peut se substituer. Mais on ressent toutefois les sentiments des personnages.

Une utilisation bien dosée de termes d'époque ou régionaux (?)
Lanturlus (écervelés), frelampier (personnage étrange et obscur, homme de rien), rigris (lâches), rodomonts (fanfarons), gallefretiers (minables), amphigouri (discours sans queue ni tête)... Cela donne du relief au roman. Les termes sont très souvent explicités par une note en bas de page.

Un rythme parfois irrégulier
Le roman démarre au quart de tour avec la fuite de Jean Llaurens et de Jean-Marc Birotteau, poursuivis par les miquelets et leurs chiens. Le rythme est tendu sur tout un chapitre, puis il redescend d'un coup. Cela n'aurait pas été gênant s'il avait repris rapidement ensuite, même à une vitesse moindre, mais arrivée à la page 78 (chapitre 5), je n'étais toujours pas rentrée dans l'histoire, me demandant où l'auteur voulait m'emmener. Descriptions de batailles, de mouvements de troupes... certes, cela est intéressant dans le cadre de ce roman, mais tout est concentré au même endroit, sans intervention d'autres saynètes ou de dialogues permettant d'aérer un peu le roman. L'intrigue met du temps à se mettre en place, elle arrive un peu trop tard. En revanche, par la suite, l'auteur a multiplié les saynètes et inséré des dialogues autour de l'intrigue qui redonnent du rythme au roman.

Un usage parfois étrange de la virgule
Certes, l'usage de la ponctuation peut faire partie du style même de l'auteur (je pense notamment à Marcel Proust ou bien à Albert Cohen), mais quand seule une partie d'un livre est touché par cet usage inhabituel, j'ai quelques interrogations. En l'occurrence, il s'agit ici de la virgule, qui coupe la phrase d'une manière étrange, entre le sujet et le verbe notamment, ce qui m'a souvent obligée de relire la phrase et de corriger mentalement l'emplacement de la virgule pour pouvoir retrouver le sens correct de la phrase. Deux exemples :
– Page 28 : "Fiancée à un patriote nommé Fernand Grau, Josèphe Llaurens avait depuis plusieurs semaines, montré un visage qui ne plaisait ni à Rose ni à la mère."
– Page 78 : "Tous les habitants pouvaient apercevoir dans la direction du village voisin, d'immenses caravelles de fumées brunes qui s'élevaient au ciel et se fondaient à la gangue obscure des nuages."
Au cas où l'éditeur serait amené à réimprimer ce roman (ce que je lui souhaite !), je signale juste une faute d'orthographe en page 212 : on ne parle pas d'"épaules éthiques" mais d'"épaules étiques", et un problème de corps/graisse en page 257.

http://www.babelio.com/

http://www.tdo-editions.fr/

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : TDO
Date de parution : mars 2014
Couverture : brochée
Format : 14 cm x 21 cm
Pagination : 385 pages
ISBN : 978-2-3665-2044-6

Livre numérique

Éditeur : TDO
Format : 7switch : ePub –– Amazon : Kindle –– Decitre : multiformat –– ePagine : ePub –– Feedbooks : ePub –– Fnac : ePub

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