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jeudi 3 septembre 2015

Mademoiselle France

Mademoiselle France
Auteur : Romain Sardou

Texte de présentation

Septembre 1940. L'offensive allemande éclair débute par une action magistrale en Belgique : la prise du fort d'Eben-Emael. L'Occupation commence.
À Paris, les Allemands profitent des plaisirs de l'existence. Les bordels ont rouvert. Dans l'un d'entre eux, l'arrivée d'une nouvelle pensionnaire fait sensation : Mademoiselle France est non seulement belle à tomber, mais elle est aussi exigeante. Elle et elle seule décide quels hommes peuvent jouir de ses faveurs. Que cache-t-elle derrière son apparente froideur ? Rien de ce qu'elle fait ou dit n'est laissé au hasard, car le dessein qu'elle s'est fixé occupe toutes ses pensées. Dans un Paris aux mains de l'occupant, elle pénètre bientôt les plus hautes sphères de la société et côtoie ce que la collaboration fait de pire. Le secret qu'elle cache pourrait en surprendre plus d'un... La France de Vichy n'est pas née de l'invasion allemande, elle couvait depuis longtemps et a trouvé dans les événements tragiques de la guerre le terreau pour s'épanouir.
Romain Sardou revient avec un roman historique sans concession, remarquablement construit nous faisant découvrir les compromissions d'une frange de la haute société parisienne au travers d’une galerie de personnages au cynisme déroutant.

En complément

Mon avis : Bof...

En résumé
Mai 1940. La prise du fort d'Ében-Émael en Belgique, le plus puissant fort d'Europe réputé comme imprenable, marque le début de l'offensive allemande. Parmi les hommes engagés dans cette opération, les officiers Friedrich Grimm et Peter Böhm. Peu de temps après, ces deux hommes se retrouvent dans la Somme, dans le manoir appartenant à la famille Riquier et réquisitionné par les forces allemandes. Une demeure qu'ils quittent précipitamment dès le lendemain, direction Paris, après avoir mis le feu au manoir pour effacer toutes traces de leurs exactions, tuant par là même ses trois occupants : Émilienne Riquier, son mari Alfred et leur jeune fils François.
Septembre 1940. Dans le Paris occupé par les Allemands, une jeune prostituée venue de province, France, se fait engager dans la célèbre maison close le Sphinx, dont les clients appartiennent à la fine fleur de l'armée allemande. Sa beauté est si fascinante que Freda, la gérante de la maison close, accepte sans sourciller ses conditions : elle veut rester libre de choisir ses clients, à savoir des hauts gradés du Reich, et de pouvoir partir lorsqu'elle le souhaitera. Enfin, nul ne doit farfouiller dans ses affaires, qui se résument à une simple valise.
Très vite, la réputation de France fait le tour de Paris et les officiers allemands défilent au Sphinx dans l'espoir de passer quelques heures avec cette femme d'une beauté ensorcelante et d'une froideur troublante. Sa route croise rapidement celle de l'officier Friedrich Grimm, mais France se refuse à lui dans un premier temps avant de céder à ses avances et de quitter le Sphinx pour un appartement parisien où elle retrouve l'officier, qu'elle finit par épouser. Oui, France est belle, France est mystérieuse, France est intrigante, mais, surtout, France dissimule un terrible secret...

Un contexte historique pas assez consistant
Avec ce roman, Romain Sardou se frotte pour la première fois à la période complexe de la Seconde Guerre mondiale et notamment à la période de l'Occupation à travers le personnage de France, une jeune prostituée ambiguë, qui présente tous les signes d'une "collabo" mais qui n'est pas celle qu'on croit… Grâce à ce personnage, on se familiarise avec la dureté et les faux-semblants de cette période trouble : la lâcheté ordinaire, les diverses formes de collaboration, le cynisme des conquérants, la bravoure des résistants, les petits arrangements, la débauche, la débrouille, etc.
Si la vie au quotidien est plutôt bien retranscrite même si elle ne l'est pas assez, il n'en va pas de même avec le contexte historique. Pourtant, le premier chapitre, consacré à la prise du fort d'Ében-Émael, témoigne d'un travail de documentation poussé, peut-être trop – ce qui peut décourager ou décontenancer de prime abord le lecteur –, mais, par la suite, Romain Sardou abandonne cette précision historique : il y a un gros déséquilibre entre ce premier chapitre et le reste du roman, l'auteur ne parvenant pas à trouver un juste milieu. Parfois, le contexte historique est remis en avant et on replonge immédiatement dans l'intrigue. Ce déséquilibre se retrouve aussi dans les notes figurant à la fin du roman : certaines précisions sont tellement minutieuses qu'elles en deviennent parfois sans intérêt, purement descriptives. En outre, il aurait été plus intéressant de les faire figurer en notes de bas de page même si leur longueur ne le permettait pas toujours, car, là, on rechigne à interrompre sa lecture pour aller les consulter. Et, justement, cette longueur est "anormale" : soit ce sont des notes et elles doivent être courtes ; soit il s'agit d'un rappel du contexte et le texte trouve légitimement sa place en début ou fin d'ouvrage. Ainsi, il aurait été intéressant d'avoir un petit aperçu de la vie interlope (maisons closes, marché noir, etc.), de la collaboration et plus généralement de la vie au quotidien dans le Paris occupé. Car comment les gens pensaient et vivaient au quotidien ?
Le manque de détails historiques est le point faible de ce roman : à la fin de sa lecture, on n'a pas appris grand-chose sur l'Occupation. Cependant, le personnage principal reconnaît elle-même à la fin du roman être restée totalement dans l'ignorance des faits de guerre tandis qu'elle découvre l'existence des camps de la mort. Le roman est vraiment centré sur l'idée fictionnelle d'une vengeance.
À titre personnel, le récit de la prise du fort belge, l'évocation du pillage des capitaux industriels français par le IIIe Reich ainsi que l'expression des vieilles rancoeurs françaises et allemandes sont les aspects qui m'ont le plus intéressée dans ce roman. En effet, à plusieurs reprises, l'auteur, par la voix de ses personnages, retranscrit les haines ancestrales, qui sont autant d'explications des conflits passés ou à venir. Ce sont des éléments de réflexion très intéressants pour comprendre le passé mais également le présent...
"– Vous avez la mémoire courte, finit par dire Grimm. Sans remonter jusqu'à la bataille de Bouvines, prenez seulement mon exemple. Je suis né à proximité d'une ville baptisée Wittlich, à l'est du Luxembourg, sur la rive gauche du Rhin. Aujourd'hui, certains de vos compatriotes vivent mal notre « occupation ». C'est oublier qu'un Allemand comme moi a grandi sous occupation française. Une garnison était implantée chez nous, comme dans toute la Rhénanie, pour garantir l'exécution de ce « Diktat de la honte » que vous avez appelé le traité de Versailles. De 1918 à 1930, nous avons vécu sous l'oeil de soldats étrangers. Je revois encore le drapeau tricolore qui flottait sur notre place du marché et devant lequel il fallait se découvrir, au risque de se faire battre par vos troupiers ! Je vous laisse imaginer ce que cette occupation a nourri en nous, les jeunes."

Un style passe-partout
Loin d'être péjoratif, ce qualificatif indique simplement que ce roman, d'une lecture facile et rapide, s'adresse à un public très large, mais plutôt à un lectorat qui n'est pas en attente d'informations approfondies sur l'Histoire. Car le lecteur qui espère ressortir de la lecture de ce roman en ayant appris plein de choses sur la Seconde Guerre mondiale sera forcément déçu. Quels sont les ressorts de ce style ? Une présence importante des dialogues et des mises en situation mais peu de descriptions, des chapitres assez brefs, des phrases courtes et fluides, un vocabulaire standard. Bref, tout donne l'impression que Romain Sardou a cherché par ce roman à s'adresser au plus grand nombre et à proposer un roman "facile" (ce qui ne signifie pas qu'il a été facile à écrire), un roman où le contexte historique n'est qu'un prétexte pour nous raconter une histoire.

Une histoire de vengeance
Mais si le cadre historique est si peu mis en avant, et de manière maladroite, qu'en est-il de l'intrigue et des personnages ? Eh bien, il faut reconnaître que l'auteur est plutôt talentueux, mettant en place une histoire intelligente qui mêle faits réels et fiction, même si parfois certains faits semblent peu crédibles, dans un Paris occupé où se mêlent les vainqueurs, ceux qui se soumettent malgré eux, ceux qui collaborent et ceux qui résistent. Le fil conducteur ? France et sa vengeance. C'est d'ailleurs le seul vrai personnage qui possède une véritable épaisseur, tous les autres personnages ne sont qu'esquissés, mais cela suffit dans le cadre de ce roman où France est LE personnage, incarnant une véritable héroïne de tragédie grecque. Laquelle se construit un personnage pour mieux assouvir sa vengeance, au point de s'oublier elle-même. Un personnage courageux, déterminé, machiavélique, qui tire les ficelles pour arriver petit à petit à ses fins sans précipitation…
Même si l'on émet assez vite quelques hypothèses, l'auteur parvient à disséminer les indices tout au long du roman permettant ainsi de conserver un certain suspense jusqu'à la fin. Car alors vient le moment du dénouement d'une violence psychologique forte, puis les explications...
Quoi qu'il en soit, le lecteur est mis à distance en raison du choix du narrateur qui se contente d'observer les faits sans nous donner accès aux sentiments et aux émotions des différents personnages : l'on voit France pleurer, France vomir, mais que se passe-t-il dans sa tête ? Alors que l'histoire est intéressante, ce roman donne l'impression d'un manque de profondeur, il n'est pas assez incarné par ses personnages.

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : Pocket
Date de parution : septembre 2015
Couverture : brochée
Format : 10,8 cm x 17,7 cm
Pagination : 352 pages
ISBN : 978-2-2662-5474-8

Livre numérique

Éditeur : XO
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