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lundi 15 décembre 2014

Moutnedjemet, l'oubliée

Moutnedjemet, l'oubliée
Autrice : Nicole Voilhes

Texte de présentation

La XVIIIe dynastie du Nouvel Empire prend fin : Akhénaton, Smenkharé, Toutankhamon, Aÿ sont morts, Horemheb leur succède alors qu'il n'appartient pas à la lignée royale. Sa légitimité, il la tient de son épouse, Moutnedjemet reine oubliée de l'Histoire.
Belle occasion de lui donner vie : ce roman qui ressemble à une autobiographie respecte les lieux, l'époque, la toponymie, les moeurs d'un temps où les meurtres, les attentats et la lutte pour le pouvoir étaient si habituels que nul ne s'en inquiétait. Maîtresse des Deux Terres, Moutnedjemet a surmonté bien des vicissitudes grâce au lien très fort qui l'unissait à son époux : l'amour.

Mon avis : Assez Bien

Roman lu dans le cadre de l'opération Masse Critique Babelio. Je remercie Babelio et les éditions In Octavo de m'avoir sélectionnée et envoyé ce roman.

Un personnage méconnu
Moutnedjemet... un nom quasiment oublié de l'histoire égyptienne. On sait que cette femme a bel et bien existé, mais l'on ne sait rien d'elle, à part qu'elle fut l'épouse du général puis pharaon Horemheb (XVIIIe dynastie). Si certains historiens estiment qu'elle est une soeur de la reine Néfertiti, d'autres réfutent cette théorie basée, selon eux, sur une mauvaise traduction. Bref, un personnage bien énigmatique dont on trouve tout de même la trace à travers quelques bas-reliefs ou statues.

La vie romancée de Moutnedjemet
Dans ce roman, construit sur le mode autobiographique, Moutnedjemet nous est présentée comme une fille d'Akhénaton et d'une concubine d'origine hittite. Vivant à la cour, côtoyant au plus près la famille royale, dont la princesse Ankhésenpaaton dont elle est inséparable et Akhénaton, elle nous fait partager son quotidien dans un pays bien fragilisé par l'instauration du culte d'Aton, les incursions répétées des Hittites et les aléas climatiques. C'est ainsi qu'elle verra quatre pharaons se succéder sur un court laps de temps : Akhénaton, Smenkharé, Toutankhamon, Aӱ, et assistera à l'accession au trône du cinquième, Horemheb, son époux.
Tout en respectant le contexte et les événements historiques, Nicole Voilhes nous propose une belle version romancée de la vie de Moutnedjemet. Même si le postulat de départ – Moutnedjemet est une fille d'Akhénaton – me semble contestable, il fallait bien faire un choix et celui-ci relève de la liberté de la romancière. Mais nul doute pour moi que Moutnedjemet avait bien des origines royales.
À travers ce personnage, l'auteur nous livre un aperçu intéressant de la vie d'alors, mais pas assez détaillé à mon goût : croyances religieuses, moeurs, relations humaines, complots et manigances à la cour...

Des personnages trop manichéens
Les portraits psychologiques des différents protagonistes de l'histoire sont intéressants, mais bien trop manichéens. On sent vraiment une opposition entre le bien (Moutnedjemet et Horemheb) et le mal (Ankhésenpaaton, Mérytaton...), qui est trop caricaturale. Ainsi, la charmante Ankhésenpaaton devient-elle une vraie petite peste au fil du roman tandis que Moutnedjemet est est le prototype même de la sagesse, de la gentillesse. C'est tout noir ou tout blanc, le clair-obscur n'est pas de mise ici. Et l'une comme l'autre en deviennent agaçantes !
De même, la belle histoire d'amour entre Moutnedjemet et Horemheb faite d'écoute, de tendresse, de respect, etc., me semble peu crédible à une époque où l'on se mariait plus par raison que par amour : c'est beau, un peu trop beau pour être vrai.
Néfertiti, personnage étonnamment peu présent dans le roman, est relativement épargnée puisqu'elle meurt assez rapidement, mais il n'en reste pas moins que son portrait est peu élogieux...
Quant à Akhénaton, j'en est eu un peu mal pour lui : présenté un peu comme un pharaon illuminé, loin des préoccupations de son peuple, il est l'antithèse de Horemheb, un homme pragmatique et à l'écoute de son peuple. Or, pour atteindre des fonctions royales et s'y maintenir, il fallait savoir s'imposer, manipuler, comploter, et tous les pharaons et épouses royales ont usé de ces stratagèmes pour régner. Ceci étant, je dois avouer que mon opinion sur Horemheb, plutôt mauvaise, a un peu changé à la lecture de ce roman et me donne envie de me documenter davantage.

Une lecture agréable
Découpé en trois parties intitulées selon les trois saisons égyptiennes (Akhet, Peret et Chemou) et chacune subdivisée en courts chapitres, ce roman se lit facilement, le style de l'auteur étant fluide et très agréable, sans afféterie. Les dialogues, très présents, permettent de rendre le récit vivant et de donner l'impression au lecteur d'être aux côtés de Moutnedjemet.
Même si je comprends le raisonnement de l'auteur, je regrette tout de même que les noms de lieux soient ceux utilisés dans l'Antiquité et non actuellement, car j'ai souvent buté dans ma lecture sur ces noms et dû me reporter au glossaire en fin de livre, interrompant par là même ma lecture. En revanche, la présence d'un avant-propos, d'une carte de l'Égypte, d'une généalogie, d'une bibliographie et d'un épilogue témoignent du soin apporté par l'auteur à l'élaboration de ce roman.
Dernier point intéressant : les épitaphes présentes en en-tête des différents chapitres, extraites de documents anciens, tel que le Papyrus d'Ani, les Maximes de Ptah-Hotep, les Maximes d'Aménémopé, etc., qui nous invitent à la réflexion ! En voici une extraite des Maximes de Ptah-Hotep (Ve dynastie) :

Si tu es grand après avoir été petit, si tu es riche après avoir été pauvre... sache rester simple.

http://www.babelio.com/

http://www.inoctavo-editions.com/

Caractéristiques techniques

Livre papier

Éditeur : In Octavo
Date de parution : décembre 2014
Couverture : brochée
Format : 15 cm x 24 cm
Pagination : 282 pages
ISBN : 978-2-8487-8203-4

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